Autor podejmuje próbę odczytania dzieła Georges’a Battaille’a w świetle francuskich tekstów krytycznych drugiej połowy XX wieku. Próba ta opiera się na założeniu, że uchwycenie otwartości charakteryzującej myśl Bataille’a, dzisiaj klasyka literatury francuskiej, który doczekał się wydania powieści i opowiadań w prestiżowej bibliotece Plejady, musi się wiązać ze sprzeniewierzeniem się owej myśli, ujmowanej przez większość krytyków w kategoriach egzegezy historyczno-literackiej, co paradoksalnie umożliwia „wierną” lekturę tekstu.
Przyjęta w rozprawie metodologia wypływa z zaproponowanej przez Rolanda Barthes’a szczególnej strategii lektury, polegającej na „czytaniu z uniesioną głową”, uniemożliwiającym ograniczenie lektury do wybranego korpusu badawczego (dzieło Bataille’a), akcentując tym samym jej otwarty charakter, pozwalający na jej kontynuację w obrębie innych tekstów. Metodologia ta odrzuca charakterystyczne dla dyskursu historyczno-literackiego pojęcie „wpływu”, przeciwstawiając mu pojęcie „efektu”, a ściślej mówiąc „efektu Bataille’a”, będącego trawestacją „efektu motyla” – metafory obrazującej zjawisko meteorologiczne odkryte przez Edwarda Lorenza, które dało matematyczne podwaliny teorii chaosu w fizyce.
Darmowy fragment publikacji:
La grandeur de Bataille, un écrivain d’ores et déjà rangé par-
mi les étoiles de la Pléiade, n’est mesurable qu’en tant qu’un
sillon qu’on peut retracer à travers d’autres textes (se) déve-
loppant (à partir de) l’ouverture de son écriture. Écrire sur
Bataille n’est possible qu’en écrivant sur le « post-Bataille »,
ce qui implique ici de lire les textes des autres à travers Ba-
taille, de même que lire Bataille en lisant d’autres textes qui
représentent « un certain Bataille ». [...]
Tout comme l’effet-papillon, l’effet-Bataille doit demeurer
imprédictible. À tout moment, son texte risque de bifurquer
sur un autre pour y produire l’effet qu’on attendait le moins.
L’effet-Bataille veut également montrer le jeu dynamique
entre les théorèmes qui se (dé)structurent à l’intérieur de son
système du non-savoir, en se renouvelant sans cesse sous des
formes et mutations imprévues.
« Introduction », p. 12 et 14
Michał Krzykawski est né en 1980. Il est docteur en littérature
et maître de conférences à l’Institut des langues romanes et
de traduction de l’Université de Silésie en Pologne. Il travaille
sur Georges Bataille depuis une dizaine d’années. Ses intérêts
de recherche portent sur la théorie littéraire et la théorie
critique.
Sur le livre:
L’Effet-Bataille trouvera une place permanente parmi les
ouvrages canoniques sur Georges Bataille. [...] Cependant,
l’inteprétation qui nourrit ce (cette ?) texte-lecture s’im-
pose également comme une voix importante dans les re-
cherches littéraires contemporaines, et plus largement dans
les sciences humaines. En tant que texte et méta-texte, elle
permet de suivre l’éveil du sens dans l’acte d’inteprétation.
L’Effet-Bataille est l’un de ces livres qui, bien que difficiles
dans la lecture et par moments se laissant prendre, trop
facilement peut-être, par l’élan d’un misreading sincère et
affirmé, transportent le lecteur du général au particulier
et à l’inverse pour déployer tout un éventail de possibilités
qui habitent le texte littéraire.
Tomasz Swoboda
Université de Gdańsk
i
M
c
h
a
ł
K
r
z
y
k
a
w
s
k
i
L’
E
ff
e
t
-
L’Effet-
Bataille
Michał
Krzykawski
B
a
t
a
i
l
l
e
Cena 18 zł (+ VAT)
ISSN 0208-6336
ISBN 978-83-8012-657-2
Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego
Katowice 2011
L’EffEt-BataiLLE
De la littérature d’excès à l’écriture
Un texte-lecture
NR 2911
Michał Krzykawski
L’EffEt-BataiLLE
De la littérature d’excès à l’écriture
Un texte-lecture
Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego
Katowice 2011
Redaktor serii : Historia Literatur Obcych
Magdalena Wandzioch
Recenzent
Tomasz Swoboda
« On ne peut penser et écrire qu’assis » (Gustave Flaubert).
— Je te tiens, nihiliste ! Être cul-de-plomb, voilà, par excellence,
le péché contre l’esprit ! Seules les pensées que l’on a en marchant
valent quelque chose.
Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles
REMERCiEMENtS
Ce livre n’aurait jamais vu la lumière du jour sans le soutien de
mes guides et mes ami·e·s. En particulier, je tiens à exprimer toute
ma gratitude au Professeur Krzysztof Jarosz, fondateur et chef de
la Chaire d’études canadiennes et de traduction littéraire à l’Uni-
versité de Silésie, pour son entière disponibilité, sa bienveillance et
la confiance qu’il m’a accordée lors de la rédaction de ce livre et à
tous les moments difficiles mais heureux qui se sont produits ces six
dernières années. Je suis très honoré de pouvoir travailler avec lui.
Mes remerciements vont également au Professeur Adam Dziadek
de l’Université de Silésie et au Professeur Wacław Rapak de l’Uni-
versité Jagellonne pour leurs lectures très chaleureuses et l’ouverture
qu’ils ont témoignée à l’égard de ma thèse de doctorat qui, légère-
ment modifiée et complétée, est devenue la base de ce livre. Je tiens
également à remercier le Professeur Tomasz Swoboda de l’Université
de Gdańsk, évaluateur méticuleux dont les remarques précieuses et
commentaires constructifs m’ont permis de nuancer certains frag-
ments du texte et ont beaucoup apporté à sa version finale.
Un grand merci va à Ewelina Bujnowska et Axel Louvrier qui se
sont généreusement mis d’accord pour consacrer leur temps et éner-
gie à corriger la première version du texte. Je remercie également la
Professeure Ewa Miczka, Directrice de l’Institut des langues romanes
et de traduction de l’Université de Silésie, pour son appui et sa com-
préhension qui m’ont apporté du réconfort lors de la rédaction de
ce livre, de même que mes ami·e·s et collègues de l’Université et de
la Chaire d’études canadiennes et de traduction littéraire pour leur
enthousiasme et leur dévouement intellectuel très inspirant.
7
iNtRODUCtiON
Il faudrait donc parler de Georges Bataille par le prisme d’un
mot-valise qui, malgré la tornade théorique des années 1960 et 1970,
continue de façonner le discours historico-littéraire pour ce qui est
des recherches en littérature française en France. Ledit mot-valise, on
l’aura compris, est un grand écrivain.
Dire qu’un auteur est un grand écrivain doit émaner d’une évi-
dence qui, à la rigueur, pourrait se passer de tout commentaire. Une
telle affirmation, déclinée de mille et une manières dans les manuels
d’histoire littéraire qui, dans la plupart des cas, nous donnent à tous
la première impression qu’on se fait de la littérature, nous précède
avant que la moindre lecture ne soit entamée. C’est la lecture première
qui conditionne une première lecture, et qui peut conditionner toutes
les lectures suivantes. Faite une fois pour toutes et en absence de tout
lecteur, elle sert de soupape de sûreté pour celui qui s’est aventuré
dans les méandres du texte exerçant sur lui ses pouvoirs de séduction.
Nous savons que la séduction, comme le remarque Baudrillard, est
une stratégie du diable, et qu’elle « veille à détruire l’ordre de Dieu.
[...] C’est pourquoi toutes les disciplines qui ont pour axiome la co-
hérence et la finalité de leur discours, ne peuvent que l’exorcicer »1.
La séduction détourne du vrai et une lecture faite sous son empreinte
fait sombrer dans l’erreur. Cependant, à supposer qu’une lecture, sur-
tout une lecture académique, soit une recherche de vérité, pourquoi
lire si tout est déjà lu, pourquoi lire après la lecture première qu’on
prend pour une vérité révélée ? N’est-ce pas, pour évoquer l’esprit de
contradiction de Nietzsche, une « béate satisfaction et la sérénité de
l’homme théorique » et « une défense subtile contre la vérité »2 ? Au
fond, si la lecture première vient de l’apprentissage, une lecture, si
elle se veut vraie, doit ressortir du désapprentissage. À s’en tenir au
1 J. Baudrillard : De la séduction. Paris, Galilée, 1979, p. 10.
2 F. Nietzsche : La Naissance de la tragédie. Traduit de l’allemand par G. Bian-
quis. Paris, Gallimard, 1949, p. 168—169.
9
n discours religieux, toute lecture qui se veut une recherche est toujours
hérétique. Elle se fait avec irrespect aux grands écrivains dont l’image
nous a été inculquée par la lecture première.
o
i
t
c
u
d
o
r
t
n
I
Il se peut que parler de Bataille comme d’un grand écrivain soit
encore une provocation. Cependant, l’entrée de l’auteur d’Histoire
de l’œil, en 2004, à la Pléiade peut justifier une telle combinaison.
La consécration s’est faite : Bataille est d’ores et déjà une étoile
au firmament des plus grands écrivains que la littérature française
ait jamais connus. « Son œuvre grandira »3, écrivait Foucault dans
une courte présentation qui annotait le premier volume des Œuvres
complètes de Bataille, édité chez Gallimard en 1970. Une prophétie
qui s’est accomplie ? Fort possible, mais aussi un propos qui doit
déboucher sur une question vitale pour ce qui est de l’état actuel des
études batailliennes : comment mesure-t-on la grandeur de Georges
Bataille aujourd’hui ? Si la grandeur d’un écrivain s’imprègne du
nombre d’exégèses qu’on lui consacre tel le papier buvard de l’en-
cre, tout porte à croire que la pléiadation de Bataille n’est que le
couronnement des travaux de ses inlassables exégètes. Qu’on ne s’y
trompe pas ! Georges Bataille, bien qu’il fasse figure d’auteur margi-
nal à l’université française, trop philosophe pour les littéraires, trop
littéraire pour les philosophes et, enfin, trop pornographe pour les
uns comme pour les autres, est un écrivain très étudié. À en croire
les rédacteurs (dont Michel Surya, biographe de Bataille) du 17e
numéro de la revue Lignes, intitulé Nouvelles lectures de Bataille,
qui contient des travaux des jeunes chercheurs du monde entier,
c’est déjà la quatrième génération de lecteurs et d’interprètes qui
lisent Bataille. Rappelons-nous les trois précédentes : la première
constituée par ses amis dont Blanchot ou Duras ; la deuxième qui,
grâce à des travaux de Derrida, Foucault et Tel Quel, a reconnu pour
la première fois l’importance de la pensée bataillienne ; enfin, la
troisième dont la lecture a mené l’auteur de Madame Edwarda au
sacre de la Pléiade. Il est donc curieux qu’en parlant de Bataille lors
des colloques qui réunissent des spécialistes en littérature française,
on s’expose toujours à des extravagances non voulues, comme si
parler de lui n’avait que deux fonctions : scandaliser par des recours
à l’érotisme débridé que représentent ses textes ou être relégué au
rang de « curiosité de la journée ». Or, dès que les romans et récits
de Bataille ont fait leur entrée à la Pléiade, les limites de l’extra-
vagance se sont remarquablement déplacées. À tel point qu’il est
désormais tout à fait normal de parler de Bataille tandis qu’il est
3 M. Foucault : « Présentation ». In : G. Bataille : Œuvres complètes. Vol. I.
Paris, Gallimard, 1970, p. 5. Citations de l’édition des douze volumes des Œuvres
complètes signées désormais OC, volume, numéro de la page.
10
I
n
t
r
o
d
u
c
t
i
o
n
plutôt extravagant de ne voir en lui qu’une brebis galeuse de la
littérature française.
À supposer qu’une édition en Pléiade soit une affaire de prestige,
mais aussi un signe de reconnaissance de la grandeur, il faudrait
prendre Bataille pour un écrivain du même rang que Flaubert. Après
tout, toutes les étoiles dans la constellation ne sont-elles pas cen-
sées briller d’un même éclat ? Cependant, pour évoquer la citation
en exergue de Nietzsche, Bataille ne pense ni écrit comme Flaubert.
Il ne pense ni écrit jamais assis. Il échappe. Il rit, d’un rire puéril et
endiablé à la fois, de celui qui prétend tenir un propos exhaustif sur
lui, qui se veut un spécialiste en la matière : « Le mépris de la posi-
tion individuelle et l’extrême mobilité de la pensée ouverte à tous
les mouvements antérieurs et ultérieurs, liés dès l’abord à la réponse,
mieux, consubstantiels à la réponse, l’insatisfaction et l’inachèvement
de la pensée »4.
Si bien que la présente étude n’est pas une étude sur Georges
Bataille. Elle ne se veut pas une exégèse, car elle s’accorde le droit
d’errer entre deux sens du mot : elle erre en s’écartant de LA vérité
de la lecture première pour se hasarder à la vérité que Bataille (dé)-
place dans l’ouverture incessante (« Maintenir [...] une ouverture aux
développements qui suivront »5) ; elle part errer à l’aventure avec tout
l’imprévu qu’elle suscite pour se risquer à une entreprise qui a toutes
les chances d’échouer (« Exprimer une pensée mobile, sans en chercher
l’état définitif »6). Bataille disait qu’« une philosophie n’est jamais
une maison mais un chantier »7. Rien ne m’autorise à en faire un
édifice. Mais quelle écriture, sans mimer celle de Georges Bataille,
serait capable de demereur à la fois au plus près et au plus loin pos-
sible de la maison avec ses règles qui sont ici le style et les principes
du commentaire de texte ? Surtout ne pas aboutir, tel est mon enjeu.
Telle est aussi ma hantise : l’échec qui m’attend au tournant, déjà
même lorsque je me propose de parler de l’auteur qui se veut « un
lieu de rassemblement »8.
Cependant, ce « lieu de rassemblement » est aujourd’hui le seul
à nous permettre de mesurer la grandeur de Georges Bataille qui ne
sera jamais celle d’un grand écrivain, c’est-à-dire d’un homme de
lettres qu’on admire pour son œuvre, mais plutôt celle d’une étoile
dispersée dont les débris se sont greffés sur la pensée des autres pour
y communiquer cette ouverture inconditionnelle à l’inconnu, qui, par
4 G. Bataille : Théorie de la religion. In : OC VII, p. 287—288.
5 Ibidem, p. 287.
6 Ibidem.
7 Ibidem.
8 Expression empruntée à G. Bennington : « Lecture : de Georges Bataille ».
In : Georges Bataille après tout. D. Hollier (éd.). Paris, Belin, 1995, p. 29.
11
o
i
t
c
u
d
o
r
t
n
I
n sa définition même, est susceptible d’être développée et redéveloppée,
lue et relue, écrite et réécrite dans des lieux et des textes différents
sans qu’on ne puisse en prévoir les résultats. La présente étude exa-
mine l’hypothèse selon laquelle la grandeur de Bataille, un écrivain
d’ores et déjà rangé parmi les étoiles de la Pléiade, n’est mesurable
qu’en tant qu’un sillon qu’on peut retracer à travers d’autres textes
(se) développant (à partir de) l’ouverture de son écriture. Écrire sur
Bataille n’est possible qu’en écrivant sur le « post-Bataille », ce qui
implique de lire les textes des autres à travers Bataille, de même que
lire Bataille en lisant d’autres textes qui représentent « un certain
Bataille ».
Certes, cette stratégie nécessite un autre type de lecture. Roland
Barthes en a donné une idée très précise lorsqu’il a proposé de « lire
en levant la tête » : « Ne vous est-il jamais arrivé, lisant un livre, de
vous arrêter sans cesse dans votre lecture, non par désintérêt, mais
au contraire par afflux d’idées, d’excitations, d’associations ? En un
mot, ne vous est-il pas arrivé de lire en levant la tête ? C’est cette lec-
ture-là, à la fois irrespectueuse, puisqu’elle coupe le texte, et éprise,
puisqu’elle y revient et s’en nourrit, que j’ai essayé d’écrire »9. Écrire
la lecture, selon Barthes, entraîne la pratique d’un texte-lecture10 que
nous écrivons au moment où nous levons la tête sans arrêter de lire.
Une telle lecture ne se veut pas exhaustive du simple fait qu’elle ne
délimite pas le corpus à étudier. Elle ne s’intéresse pas qu’au seul
texte mais au surplus de sens qui le déborde en déclenchant « d’autres
idées, d’autres images, d’autres significations » qui habitent le texte
et dont une analyse philologique par exemple ne pourrait jamais
rendre compte11.
La stratégie du texte-lecture renonce à la notion d’influence qui
a largement façonné le discours historico-littéraire. Chercher chez
un auteur l’influence des prédecesseurs permet de se tenir au chaud
du connu avec la conviction que, malgré les vicissitudes qui se suc-
cèdent d’une époque à l’autre, la vieille littérature se développe dans
la continuité de l’histoire où le présent résulte du passé et prépare
un passage confortable au futur. À la notion d’influence j’oppose la
notion d’effet, et plus précisément, la notion d’effet-Bataille qui, en
tant que tel, se rapporte à la métaphore de l’effet-papillon illustrant
un phénomène météorologique découvert par Edward Lorenz. La
découverte a jeté les bases mathématiques de la théorie du chaos
en remettant en question le déterminisme des lois physiques, de
même que la conviction que tout mouvement dans le monde, grâce
9 R. Barthes : « Écrire la lecture ». In : Idem : Le Bruissement de la langue.
Paris, Seuil, 1984, p. 33.
10 Ibidem, p. 34.
11 Ibidem, p. 35.
12
aux lois qui le gouvernent, peut être calculé avec une certitude ma-
thématique. Contrairement à ses collègues du Massachusetts Insti-
tute of Technology, Lorenz s’intéressait beaucoup à la prévision en
y trouvant un intérêt mathématique. Il a entrepris une expérience
en introduisant un système d’équations déterministe sur son ordi-
nateur basique pour découvrir les règles des changements météo.
Au début de l’expérience, les listages illustrant le mouvement des
vents et températures semblaient confirmer l’intuition de Lorenz qui
avait supposé que les conditions atmosphériques devaient se répéter.
Jusqu’à un jour d’hiver 1961...
I
n
t
r
o
d
u
c
t
i
o
n
Un jour d’hiver 1961, désirant examiner une de ces sé-
quences sur une plus grande période, Lorenz prit un rac-
courci. Au lieu de reprendre au début l’exécution de son
programme, il commença à mi-chemin. Il entra les con-
ditions initiales dans la machine en tapant des nombres
tirés du dernier listage. Puis il alla au bout du couloir
pour fuire le bruit et boire une tasse de café. Quand il re-
vint une heure plus tard, il vit quelque chose d’inattendu,
quelque chose qui allait engendrer une nouvelle science.
Cette nouvelle exécution aurait dû reproduire exactement
l’ancienne. [...] Pourtant, dès qu’il regarda le nouveau lis-
tage, Lorenz vit ses prévisions diverger très rapidement par
rapport aux précédentes : en quelques mois à peine, toute
ressemblance avait disparu. [...] Soudain, il comprit la vé-
rité. Tout avait bien fonctionné. Le problème se trouvait
dans les nombres qu’il avait tapés. L’ordinateur gardait en
mémoire des nombres à six chiffres, 0,506127, dont trois
décimales seulement, 506, apparaissaient à l’impression,
pour économiser de la place. Lorenz avait entré les nombres
tronqués, arrondis, en supposant que la différence — un
pour un millier — serait sans conséquence12.
Or, ces petites erreurs pouvaient entraîner des conséquences désas-
treuses. Lorenz a appelé ce phénomène avec la formule de l’effet-pa-
pillon, selon laquelle « le battement d’ailes d’un papillon, aujourd’hui
à Pékin, provoque dans l’air des remous qui pourront se transformer
en tempête le mois prochain à New York »13. Le désordre ordonné que
Lorenz avait cru trouver à travers son expérience ne suivait qu’une
seule règle : l’imprévisibilité des phénomènes qui auraient dû se pro-
12 J. Gleick : La Théorie du chaos. Traduit de l’anglais par Ch. Jeanmougin.
Paris, Flammarion, 2008, p. 34—35.
13 Ibidem, p. 25—26.
13
o
i
t
c
u
d
o
r
t
n
I
n duire et ne se produisent pas, de même que ceux qui arrivent où l’on
ne les attendait pas.
Tout comme l’effet-papillon, l’effet-Bataille doit demeurer impré-
dictible. À tout moment, son texte risque de bifurquer sur un autre
pour y produire l’effet qu’on attendait le moins. L’effet-Bataille veut
également montrer le jeu dynamique entre les théorèmes qui se (dé)-
structurent à l’intérieur de son système du non-savoir, en se renouve-
lant sans cesse sous des formes et mutations imprévues. « Le désordre
est la condition de ce livre, il est illimité dans tous les sens »14, écrivait
Bataille dans Le Coupable. Je suis loin d’ordonner ce désordre tout en
croyant, après Nietzsche, que celui-ci peut avoir une force créatrice :
« Il faut encore porter en soi le chaos, pour être capable d’enfanter
une étoile dansante »15.
Cependant, ce désordre a laissé intacte la structure du commentai-
re de texte. Le travail qui suit se développe à partir de ce que Barthes,
dans sa lecture de l’essai de Bataille intitulé « Le Gros orteil », a appelé
les « sorties du texte »16, c’est-à-dire « des fragments en état de rup-
ture plus au moins accentués les uns par rapport aux autres »17. Les
« sorties du texte » n’empêchent pas de l’organiser du point de vue
formel (division en chapitres et sous-chapitres), mais cette organisa-
tion ne réflètera jamais un tout cohérent. Barthes a divisé son texte
sur Bataille en donnant à chacun de ses fragments un nom selon
l’ordre alphabétique, « qui est, comme chacun le sait, tout à la fois
un ordre et un désordre, un ordre privé de sens, le degré zéro de
l’ordre »18. Qu’il me soit permis de signaler que mon texte suivra le
même ordre/désordre.
Le premier chapitre s’enclenche avec le présumé scandale que
fut l’entrée de Bataille à la Bibliothèque de la Pléiade. J’y revien-
drai également à la dénégation de Bataille par Breton et Sartre, qui
l’a condamné, en tant qu’écrivain, à vivre aux marges du surréalisme
et de l’existentialisme, deux courants qui ont absolument dominé la
scène littéraire française de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre.
Bataille n’est vraiment lu et commenté pour la première fois qu’après
sa mort en 1962, et cette lecture a lieu au cœur même du foisonne-
ment théorique qui caractérise la scène intellectuelle parisienne des
années soixante. Les commentaires importants de Barthes, Foucault,
Derrida, Sollers et tout le groupe Tel Quel, le fameux Colloque de
14 G. Bataille : Le Coupable. In : OC V, p. 264.
15 F. Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra. Traduit de l’allemand par M. Betz.
Paris, Gallimard, 1947, p. 23.
16 R. Barthes : « Les Sorties du texte ». In : Bataille. P. Sollers (éd.). Paris,
U.G.E., 1973, p. 49—62.
17 Ibidem, p. 49.
18 Ibidem.
14
I
n
t
r
o
d
u
c
t
i
o
n
Cerisy de 1972 avec son titre on ne peut plus parlant « Vers une révo-
lution culturelle : Artaud, Bataille », font de Bataille une figure centrale
du renversement post-structuraliste. La révolution culturelle, nous le
savons aujourd’hui, n’a pas eu lieu et la réception de Bataille, après
l’ère post-structuraliste, s’inscrit dans les catégories sanctifiées par no-
tre culture. Je distingue, en effet, quatre positions à l’égard de Bataille
que sont la torpeur, la diabolisation, l’anathème et le recyclage, et qui
lui permettent de fonctionner dans l’opinion courante qu’il faut appe-
ler ici, après Barthes, la doxa. Quant aux lectures professionnelles de
Bataille qui viennent après le post-structuralisme, elles semblent, dans
leur majorité, avoir entièrement « détextualisé » l’œuvre bataillienne et
unanimement rejeté l’héritage des lectures faites par les telqueliens ou
les pro-telqueliens, pour renouer avec le mode de lecture plus proche
de la critique littéraire traditionnelle. Ce que je propose sous le
nom de « lecture à cru », que j’oppose en même temps à la « lecture
ancestrale », a pour objet de repasser encore une fois « de l’œuvre au
texte » et de faire revivre la lecture textuelle qui, par son ouverture,
correspond mieux à l’ouverture de la pensée bataillienne, même si
elle ne pourrait jamais être son commentaire exhaustif.
Le deuxième chapitre commence par une comparaison entre l’ex-
périence intérieure et l’expérience gadamerienne (Erfahrung). Certes,
l’une et l’autre ont radicalement mis en question la conscience « claire
et distincte » dont parlait Descartes. Elles semblent opérer sur la
même matière qu’est la langue (on ne l’a pas suffisamment remarqué
chez Bataille en mettant en avant le caractère non-discursif de son
expérience), bien que l’expérience gadamerienne se situe dans la
langue, tandis que celle de Bataille se produit à travers la langue pour
la faire défaillir. Cependant, le sujet de l’expérience dans ces deux
cas est entièrement différent. La fusion d’horizons de Gadamer, le
« nous sommes » qui remplace le « je suis » et le « tu es » distincts l’un
de l’autre, demeure identifiable sur le plan du sujet, bien que celui-
ci n’ait plus rien en commun avec un être individuel. Chez Bataille,
par contre, le sujet n’existe qu’en tant que su-jet, ce qui ne peut être
saisissable que sur le plan d’une identité extatique19. Mon analyse
du su-jet de l’expérience intérieure est basée sur une lecture croisée
de Bataille et de Foucault. J’essaie de suivre de nombreuses relations
19 En principe, l’extase supprime le sujet qui y accède. Il ne s’agit pourtant pas
d’un transport hors de soi qui serait proche d’une contemplation mystique. Chez
Bataille, le sujet extatique est l’effet d’un jaillissement intense. Il est « plusieurs » (pour
en savoir plus, voir la première monographie, en polonais, entièrement consacrée
à Georges Bataille : K. Matuszewski : Georges Bataille — inwokacje zatraty [Georges
Bataille — invocations de la perte]. Łódź, Wydawnictwo Uniwersytetu Łódzkiego,
2006, p. 91—133). Le mot su-jet veut souligner cette intensité et suggérer une cer-
taine dissolution inscrite toujours déjà dans le sujet.
15
o
i
t
c
u
d
o
r
t
n
I
n entre les modes d’as-sujet-tissement foucauldiens et les principes du
monde discontinu dont parle Bataille. Certes, le su-jet de Bataille est
opposé au sujet as-sujet-ti de Foucault. L’as-sujet-tissement qui est,
chez Foucault, une condition indépassable de l’homme moderne doit
déboucher, chez Bataille, sur l’écartelement d’un sujet qui s’ouvre
à l’absence de moi, sur une subjectivité qui n’est pas, mais qui se
subit à travers l’expérience. Au fond, cette expérience est insaisissable
dans le cadre du discours philosophique. Il ne faut pourtant pas,
comme le fait Habermas, l’identifier à l’irrationnel comme tout ce
qui dépasse les catégories de la raison. Sans doute, la stratégie de Ba-
taille consiste-t-elle à mettre constamment en question la prétention
totalisatrice de la raison. Mais cela non pas pour renverser sa struc-
ture bipolaire en privilégiant tout ce qui n’est pas la raison, ni pour
chercher un point où les contradictions se rejoignent. Bataille opère
à l’intérieur même de cette structure. Il développe sa pensée à partir
des dychotomies très classiques pour les faire défaillir face à l’excès
de sens qui les dépasse. Ma lecture de Bataille à travers Derrida, et
celle de Derrida à travers Bataille, a pour objet de mettre en relief
cette position singulière de Bataille, et de montrer son affinité avec
la déconstruction.
16
Dans le troisième chapitre, j’insisterai, avec Blanchot, sur le ca-
ractère affirmatif de l’expérience intérieure qui, malgré la « négativité
sans emploi » dont elle est issue, s’écrit sous le signe d’une ouverture
inconditionnelle. La lecture œuvrant pour cette affirmation s’oppose
à la lecture entreprise par Mario Perniola selon qui l’expérience est
l’expression d’un élément essentiellement négatif. L’affirmation de
Bataille est au-delà de l’opération dialectique et, par conséquent, ne
peut pas être identifiée à une récupération positive du caractère né-
gatif de l’expérience. D’ailleurs, c’est pour cette raison que la façon
dont Perniola condamne la poésie comme substitut de la vraie né-
gativité est trop simpliste. Bataille a trop écrit sur la poésie, la poésie
le tourmentait et il ne l’a jamais entièrement abandonnée comme
un faux-fuyant, même s’il s’en faisait une idée très singulière qui
consistait, en gros, en l’absence de poésie dans la poésie.
Dans le quatrième chapitre, je me concentrerai sur la conception
bataillienne de la littérature dont l’essentiel est de communiquer l’im-
possible. Certes, Bataille ne l’a jamais précisée, mis à part peut-être
dans son recueil d’essais sur la littérature intitulé La Littérature et le
mal. Il faut pourtant dire que la littérature, libérée de tout devoir, qu’il
soit à caractère social ou éducatif, qui n’a jamais été le sien, la littéra-
ture manifestement dirigée vers le texte qui s’écrit hors de l’œuvre, est
un espace privilégié — si inhabitable qu’il soit — où se déroule l’ex-
périence et se tient la communication dans l’acception bataillienne du
terme. La vraie littérature communique l’excès, un certain dehors qui
I
n
t
r
o
d
u
c
t
i
o
n
ne peut pourtant se produire qu’à l’intérieur de la littérature, ce lieu
vide qu’est l’auteur dans le texte bataillien. J’appelle cette littérature,
en changeant la graphie du mot, d’un nom à connotations plurilin-
gues qu’est LITTER-ature. Est-ce toujours la conception de la littéra-
ture de Bataille ? Celle d’un Bataille lu et relu par Blanchot, Barthes,
Foucault, Kristeva et Sollers ? En principe, la littérature, selon Bataille,
a partie liée avec le mal, tandis qu’écrire, en tant que le contraire de
travailler, est un acte transgressif. Or, le mal, malgré ses connotations
de péché et des catégories morales chrétiennes, dépasse de beaucoup
un simple acte de désobéissance à la loi. Il est — c’est déjà Bataille
lisant Nietzsche et Barthes lisant Bataille — un terme insoutenable
dans la structure bipolaire du discours qu’il veut subvertir.
Dans le cinquième chapitre, je me proposerai de mesurer l’impact
que l’œuvre bataillienne a eu sur la revue Tel Quel. Je reviens à l’ac-
tivité politique de Bataille dans les années trente pour démontrer
dans quelle mesure sa position particulière envers la révolution, de
même que son matérialisme, dont personne ne pouvait se réclamer
à l’époque, qui l’opposait manifestement à l’idéalisme de Breton et à
l’aveuglement politique des surréalistes, pouvaient être décisifs pour
ce qui est des choix stratégiques — aussi bien littéraires que politi-
ques — de Sollers et de ses compagnons dans le tumulte des années
soixante. J’essaie de les traduire à travers Le Bleu du ciel, le texte le
plus important de Bataille pour ce qui est des liens enchevêtrés entre
le littéraire et le politique. Les critiques soulignent souvent que Ba-
taille, désillusionné de l’action politique, se tourne à travers son expé-
rience érotique vers le monde intérieur qu’aucun engagement ne peut
concerner. Jean-Luc Nancy, avec sa conception de la communauté,
fortement inspirée de la pensée bataillienne (jamais deux pensées qui
touchent des horizons si différents n’ont communiqué d’une manière
si aiguë) rappelle la dimension communautaire de l’expérience de
Bataille que celui-ci n’a jamais abandonnée.
*
*
*
L’érotisme qui est, bon gré mal gré, la marque de Bataille, trouve
relativement peu de place dans ce travail. Face à tant d’ouvrages
critiques qui l’ont ressassé en le prenant pour le pilier de la pensée
bataillienne, que dire de neuf en la matière ? D’ailleurs, dire quoi que
ce soit sur l’érotisme, Bataille lui-même le déclarait souvent, c’est en
dire trop. Je dirais même que l’essentiel de l’érotisme se trouve hors
de son livre à titre éponyme. Si l’érotisme est le pilier de la pensée
de Bataille, il ne l’est qu’en rapport avec la littérature, l’inquiétude
politique, la poésie, la communication, l’ouverture. L’écriture enfin.
C’est en ce sens que j’ai essayé de le (dé)placer dans ce travail.
17
iNDEx DES NOMS DE PERSONNES
A
Accardo, Alain 22, 181
Adorno, Theodor W. 80—81, 181
Aragon, Louis 25
Albert, Henri 53, 186
Althusser, Louis 147
Aron, Raymond 25, 162, 181
Artaud, Antonin 15, 25, 27—29, 99,
162
Attridge, Derek 43, 98, 131, 183
B
Bailey Gill, Carolyn 154, 187
Barthes, Roland 12, 14—15, 17, 19,
22—23, 25, 27, 28—29, 31—32,
34, 42, 49—50, 53—55, 57, 59,
90, 128, 134, 142, 145—146,
180, 181, 182, 190, 191
Bataille, Laurence 19
Baudelaire, Charles 58
Baudrillard, Jean 9, 146, 182, 186
Bennington, Geoffrey 11, 32, 97,
107, 149, 180, 182
Bersani, Leo 159, 182
Besnier, Jean-Michel 31, 111—112,
117, 153, 164, 182
Betz, Maurice 14, 114, 186
Bianquis, Geneviève 9, 186
Bident, Christophe 129, 130, 172,
182
Biles, Jeremy 39, 182
Blanchot, Maurice 6, 10, 16—17,
69, 92, 103—109, 122, 129—
130, 142, 153, 170, 172, 180,
182, 190, 191
Bonzy, Irène 64, 185
Borel, Adrien 60, 117
Bosch, Hiéronymus 21
Bossuet, Jacques-Bénigne 22
Bottigelli, Emile 80, 186
Botting, Fred 35—36, 70, 132, 150
—151, 182
185
Bouchindhomme, Christian 79,
Bourdieu, Pierre 22, 36, 181
Bujnowska, Ewelina 7
Breton, André 14, 17, 20, 23—25,
35, 42, 86, 141, 166—169, 182,
187
Bretonne (de la), Restif 142, 182
C
Caillois, Roger 111, 122, 124, 182
Camus, Albert 25, 31
Canvat, Karl 128, 183
Carter, Angela 56, 182
Céline, Louis-Ferdinand 25, 42
Chapsal, Madeleine 45, 64, 87,
175—176, 182
Chestov, Léon 86, 182
Clavel, Maurice 41
Cleland, John 21
Cohen, William A. 45, 183
Compagnon, Antoine 17, 39—41,
53, 60, 128, 183
Compte-Sponville, André 42, 183
189
s Cusset, Catherine 92, 94, 183
Cusset, François 22, 36—37, 41,
183
e
n
n
o
s
r
e
p
e
d
s
m
o
n
s
e
d
x
e
d
n
I
190
D
Dalí, Salvador 21
Dante, Alighieri 29
Dardigna, Anne-Marie 176, 183
Deleuze, Gilles 32, 36—39, 183
Derrida, Jacques 5, 10, 14, 16, 25,
27, 29, 32, 36, 41, 43, 54—55,
61, 64, 68, 73, 76, 79, 81, 84—
85, 91, 93—101, 108—109, 117,
128—129, 131, 137, 145—150,
161, 169, 171, 173, 180, 182,
183, 185, 190
Descartes, René 15, 39, 48, 77
Descombes, Vincent 81, 183
Dreyfus, Alfred 22,
Dreyfus, Hubert 71, 184
Dumayet, Pierre 142, 143
Durand, Béatrice 37, 183
Duras, Marguerite 10
Dziadek, Adam 7
E
Éluard, Paul 86, 187
Engels, Friedrich 73, 183
Ernst, Gilles 46—47, 183
F
Ferry, Luc 22, 36—37, 41—42, 184
ffrench, Patrick 38, 184
Flaubert, Gustave 1, 11, 19
Forest, Philippe 25—28, 30, 147,
151—152, 162—164, 169—170,
184
Foucault, Michel 5, 10, 14—17, 21,
25, 27, 29, 32, 36—38, 41, 51—
52, 64, 70—76, 79, 81, 90, 107,
128—132, 134, 145—148, 150,
153, 169—170, 180, 184, 185,
186, 190, 191
Fourny, Jean-François 170, 184
Freud, Sigmund 36, 93, 136, 137,
187
G
H
185
185
Gadamer, Hans-Georg 5, 15, 63—
69, 184
Gaulle (de), Charles 32, 162
Genet, Jean 42
Giacometti, Alberto 42
Gide, André 22—23
Gleick, James 13, 184
Glucksmann, Andrée 36—37, 41,
Grosz, Elizabeth 86, 185
Guattari, Félix 36, 39, 183
Habermas, Jürgen 16, 79—82, 101,
Hallier, Jean-Edern 26, 185
Halsberghe, Christophe 122, 185
Hawley, Daniel 89, 141, 158, 185
Heidegger, Martin 36, 42, 76, 79—
80, 170
Hémery, Jean-Claude 78, 186
Hegel, Georg Wilhelm Friedrich 35—
36, 38, 76, 82, 84—86, 109—110,
123, 160—161, 183, 186
Heimonet, Jean-Louis 117, 123,
125, 185
Hollier, Denis 11, 28, 64, 70, 77—
78, 88, 92, 105—107, 137, 144,
151, 168—169, 180, 182, 183,
185, 186, 187
Horkheimer, Max 80—81, 181
Hutcheon, Linda 35, 185
J
Jarosz, Krzysztof 7, 43, 48, 185,
187
Jay, Martin 64, 185
Jeanmougin, Christian 13
Johnson, Ryan 45, 183
Joyce, James 42, 58, 136
K
Kaufholz, Eliane 81, 181
Kaufmann, Vincent 121, 123, 185
Klossowski, Pierre 33, 86, 131, 176,
185
Kojève, Alexandre 109, 110, 160
Kristeva, Julia 6, 25, 27—28, 68,
115, 128, 135—138, 145, 169,
179, 180, 185, 190, 191
L
Labarthe, André S. 32, 185
Lacan, Jacques 25, 32, 36, 41, 93,
136—137, 147, 169, 187
Lacoue-Labarthe, Philippe 64, 185
Lamarche, Pierre 30, 185
Laporte, Dominique 43—44, 185
Lautréamont (compte de) 29, 32,
168
Lawrence, David Herbert 21, 58
Lawrence, Frederick G. 66, 184
Lecourt, Dominique 42, 185
Legros, Georges 128, 183
Leiris, Michel 23, 86, 122, 187
Levesque, Claude 85—86, 186
Lévy, Bernard-Henri 36, 41, 186
Liberston, Joseph 36
Lorenz, Edward 12—13, 190, 191
Louette, Jean-François 20, 58—60,
90, 92—93, 130, 186
Louvrier, Axel 7
Lovecraft, Howard Phillips 28, 186
Lyotard, Jean-François 146, 186
M
100
Mallarmé, Stéphane 29, 68, 99—
Malraux, André 25, 31
Marx, Karl 35—36, 38, 41, 80, 96,
152—155, 157, 160—161, 168—
169, 183, 186, 187
Masson, André 20, 24, 33, 58
Matuszewski, Krzysztof 15, 48,
186
Mauriac, François 25
Mauss, Marcel 117
Mayné, Gilles 30, 32, 34, 45—46,
58, 63, 84, 96, 98—99, 186
Métraux, Alfred 117
I
n
d
e
x
d
e
s
n
o
m
s
d
e
p
e
r
s
o
n
n
e
s
Miczka, Ewa 7
Miller, Henry 21, 58
Moré, Marcel 141
N
Nabokov, Vladimir 58
Nadeau, Maurice 168, 186
Nancy, Jean-Luc 6, 17, 104, 123—
124, 171—176, 180, 183, 186,
190, 191
Nietzsche, Friedrich 1, 9, 11, 14,
17, 36—37, 51—54, 61, 68—69,
78—79, 81, 86, 114—117, 119,
127, 139—141, 180, 182, 183,
186
Nora, Pierre 32, 40, 186
P
Pefanis, Julian 36, 146, 186
Pérez, Paule 28, 186
Perniola, Mario 16, 103—106,
108—109, 186
Petra (de), Fausto 173, 186
Picasso, Pablo 42
Picard, Raymond 29, 31, 146, 186
Piel, Jean 60, 117, 186
Ponge, Francis 25, 90, 137, 183
Pound, Ezra 162
Prat, Jean 143
Proust, Marcel 118—121, 187
Q
Queneau, Raymond 160, 186
R
Rabinow, Paul 71—72, 184, 186
Rabsztyn, Andrzej 43, 187
Racine, Jean-Baptiste 29, 146, 182
Rapak, Wacław 7
Réage, Pauline 21
Renaut, Alain 22, 36—37, 41, 184
Richman, Michèle 36
Risset, Jacqueline 118, 125, 186
Rochlitz, Rainer 79, 185
Roudinesco, Elisabeth 93, 137, 187
191
e
n
n
o
s
r
e
p
e
d
s
m
o
n
s
e
d
x
e
d
n
I
s Roussel, Raymond 148, 184
Roy, Joseph 80, 186
Rubin Suleiman, Susan 35, 93, 154,
159—160, 168—171, 176, 187
S
Sabot, Philippe 86, 91, 187
Sacre, Étienne 64
Sade (de), Donatien Alphonse Fran-
çois 20—21, 24—25, 29, 32, 35,
42, 44, 56, 58, 117, 137, 142,
147—148, 161, 166—168, 182
Santi, Sylvain 167, 187
Sartre, Jean-Paul 14, 24—25, 31, 42,
51—52, 76, 140—141, 150, 153,
165, 187
Sasso, Robert 48, 88, 187
Scarpetta, Guy 27
Sichère, Bernard 89, 91—92, 117—
120, 137, 161, 166—167, 175—
176, 187
Sollers, Philippe 14, 17, 19, 25, 27—
28, 41—42, 68, 82, 90, 92, 99,
115, 135, 142, 145, 147, 150—
153, 162—163, 168—170, 180,
182, 184, 187, 190, 191
Stendhal (Marie-Henri Beyle) 58
Stern, Jeanne 73, 183
Stravinsky, Igor 42
Surya, Michel 10, 20, 23—24, 26,
42, 86, 109—110, 112—113,
117—118, 153—154, 156, 160,
165, 167, 173, 186
Swoboda, Tomasz 4, 7, 43, 59, 187
T
Thibaudet, Albert 128, 187
V
Vigarello, Georges 138, 187
W
Wandzioch, Magdalena 4, 48, 185
Weber, Max 80
Weil, Simone 155, 156
Wilson, Scott 35—36, 70, 132,
150—151, 182
Winnubst, Shannon 30, 38, 185,
187
Michał Krzykawski
Efekt Bataille’a
Od literatury zbytku po pismo. Tekst-lektura
Streszczenie
Celem niniejszej książki jest próba odczytania dzieła Georges’a Ba-
taille’a w świetle francuskich tekstów krytycznych drugiej połowy XX
wieku. Próba ta została oparta na założeniu, że uchwycenie otwartości
charakteryzującej myśl Bataille’a, dzisiaj klasyka literatury francuskiej,
który doczekał się wydania swych powieści i opowiadań w prestiżowej
bibliotece Plejady, musi się wiązać ze sprzeniewierzeniem się owej myśli,
ujmowanej przez większość krytyków w kategoriach egzegezy historyczno-
literackiej, co paradoksalnie umożliwia „wierną” lekturę tekstu. Założenie
to wynika z przekonania, że pisanie o Bataille’u jest możliwe przez pryzmat
pisania o „post-Bataille’u”, co sprowadza się nie tyle do próby dokonania
całościowej lektury dzieła, ile do lektury tekstu, którego otwartość rozsz-
czepiona jest w tekstach teoretycznych pokolenia Bataille’owi współczesnego
(Maurice Blanchot), francuskiego poststrukturalizmu (Jacques Derrida,
Michel Foucault, Roland Barthes, Julia Kristeva) i awangardy literackiej
czerpiącej z tegoż (Philippe Sollers i Tel Quel) oraz francuskiej myśli filozo-
ficznej ostatnich lat (Jean-Luc Nancy).
Przyjęta w książce metodologia wypływa z zaproponowanej przez
Rolanda Barthes’a szczególnej strategii lektury, polegającej na „czytaniu
z uniesioną głową”, uniemożliwiającym ograniczenie lektury do wybranego
korpusu badawczego (dzieło Bataille’a), co tym samym akcentuje jej otwarty
charakter, pozwalający na kontynuację lektury w obrębie innych tekstów.
Metodologia ta odrzuca charakterystyczne dla dyskursu historyczno-lite-
rackiego pojęcie „wpływu”, przeciwstawiając mu pojęcie „efektu”, a ściślej
mówiąc „efektu-Bataille’a”, będącego trawestacją „efektu motyla”, metafory
obrazującej zjawisko meteorologiczne odkryte przez Edwarda Lorenza, które
dało matematyczne podwaliny teorii chaosu w fizyce.
Ogólnym przesłaniem Efektu Bataille’a jest chęć ukazania sposobu,
w jaki myśl autora Historii oka wpisuje się w krytyczne doświadczenie li-
teratury, które legło u podstaw kluczowych dla współczesnej humanistyki
francuskich tekstów teoretycznych. Wykazanie ich powinowactwa z myślą
Bataille’a ma na celu przełamanie nastawienia tematycznego większości
krytyków do dzieła Bataille’a, na rzecz nastawienia tekstualnego, szeroko
inspirowanego pracami późnieszych teoretyków, które są, o dziwo, kon-
sekwentnie pomijane we francuskojęzycznych analizach literackich.
193
Michał Krzykawski
Bataille Effect
from the Literature of Excess to Écriture. a texte-lecture
Summary
The aim of this book is to analyze Georges Bataille’s work in the light of
French theoretical texts of the second half of the 20th century. The key idea
that frames my discussion is based on the assumption that the openness of
Bataille’s thought falls outside of the framework of historico-literary exegesis.
As a result, a faithful reading of Bataille’s thought must betray it in a certain
sense. This assumption comes from the conviction that reading Bataille is
only possible through “post-Bataille,” which rejects any attempt to make
a totalizing reading of his œuvre and opts for the openness of his text, always
already scattered in another texts. I argue that Bataille’s text is only attainable
as a trace that we can redraw across other texts which develop (from) his
écriture. Thus, my reading aims to explore traces of Bataille’s thought through
the texts of his contemporaries (such as Maurice Blanchot), the critical works
of French poststructuralism (Jacques Derrida, Michel Foucault, Roland Bar-
thes, Julia Kristeva) and the French literary avant-garde (Philippe Sollers and
Tel Quel), as well as French contemporary philosophy (Jean-Luc Nancy).
The methodology that this text follows is based on Roland Barthes’
reading strategy which consists in “reading with one’s head raised.” It has
to be emphasized that such a strategy makes it impossible to limit the
reading to a narrow research corpus (Bataille’s work), stressing unfinished
nature of any reading / writing which is supposed to keep going through
other texts. This methodology rejects the notion of influence, a shibboleth
of the historico-literary discourse, focusing on the notion of effect or, to be
more precise, on “Bataille effect.” This one is supposed to be a paraphrase
of “Butterfly effect,” a meteorogical phenomenon discovered by Edward
Lorenz, which laid foundations for the theory of chaos in physics.
The main ambition of this dissertation is to show how far Bataille’s thou-
ght inscribes itself in critical experience of literature which underlies some
of the crucial theoretical French texts for the contemporary human sciences.
Showing the affinity between them and Bataille’s thought aims to overcome
the thematic approach that most of literary French speaking critics keep
developing with regard to Bataille’s œuvre. As opposed to them, my work
is based on textual approach largely inspired by theoretical works of French
poststructuralism. It has to be stressed that these works, curiously enough,
are unwaveringly passed over in silence in French literary analyses.
194
taBLE DE MatiÈRES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
Chapitre I
LE GRAND ÉCRIVAIN BATAILLE
Le Bataille « pléiadé »
L’écrivain Bataille renié à deux reprises
Réhabilitation de l’écrivain Bataille
À l’indignation générale des universitaires
La doxa et ses lectures
Torpeur
Diabolisation
Anathème
Recyclage
Lire avec l’œil pinéal : vers le texte
Lecture ancestrale
Lecture à cru
Au nom de la chair
Vers une « dépléiadation »
Chapitre II
DISRUPTION, IRRUPTION, DÉCENTREMENT
Vers une expérience désubjectivée. De Gadamer à Bataille
Quand l’as-sujet-ti se fait su-jet : Foucault, Bataille
Les parages de l’impossible
Oraison (é)jaculatoire : entre scatologie et mysticisme
Les Hauts lieux de l’hétérogène
De l’honnêteté : Derrida, Bataille
7
9
19
19
23
24
27
30
30
32
34
43
48
49
53
56
58
63
63
70
79
85
88
94
195
s
e
r
è
i
t
a
m
e
d
e
l
b
a
T
Chapitre III
RUINE AU LIEU DU TRIOMPHE : ENTRE POÉSIE ET SACRIFICE
L’écriture comme jeu : Bataille, Blanchot
Digression sur l’art
L’aporie de la poésie
Quand les mots sont victimes : une poésie sacrificielle
Sacrifice : « une comédie »
Chapitre IV
LITTER-ature : VERS LE MAL, AU-DELÀ DU MAL
Pour la littérature, contre la « République des Lettres »
L’hétérogène, le sémiotique : Kristeva, Bataille
Vers le mal
Chapitre V
POLITIQUES DE LA LITTÉRATURE
Avènement de l’écriture : Tel Quel, Bataille
D’un autre engagement : autour du Bleu du ciel
Rupture avec le surréalisme
Communauté impossible. Nancy, un certain Bataille
Quand l’érotique traverse le politique
SURTOUT NE PAS ABOUTIR…
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Streszczenie
Summary
103
103
109
113
116
121
127
127
135
138
145
145
152
166
171
175
179
181
189
193
194
Na okładce: Into the Void, © iStockphoto.com/membername/mdegrood
Redakcja: Barbara Malska
Opracowanie graficzne okładki: Tomasz Gut
Redakcja techniczna: Barbara Arenhövel
Skład i łamanie: Alicja Załęcka
Copyright © 2011 by
Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego
Wszelkie prawa zastrzeżone
ISSN 0208-6336
ISBN 978-83-226-2080-9
(wersja drukowana)
ISBN 978-83-8012-657-2
(wersja elektroniczna)
Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego
ul. Bankowa 12B
40—007 Katowice
www.wydawnictwo.us.edu.pl
e-mail: wydawus@us.edu.pl
Wydanie I. Ark. druk. 12,5. Ark. wyd. 14,0. Papier
offset. kl. III, 90 g Cena 18 zł (+ VAT)
Druk i oprawa: PPHU TOTEM s.c.
M. Rejnowski, J. Zamiara
ul. Jacewska 89, 88-100 Inowrocław
La grandeur de Bataille, un écrivain d’ores et déjà rangé par-
mi les étoiles de la Pléiade, n’est mesurable qu’en tant qu’un
sillon qu’on peut retracer à travers d’autres textes (se) déve-
loppant (à partir de) l’ouverture de son écriture. Écrire sur
Bataille n’est possible qu’en écrivant sur le « post-Bataille »,
ce qui implique ici de lire les textes des autres à travers Ba-
taille, de même que lire Bataille en lisant d’autres textes qui
représentent « un certain Bataille ». [...]
Tout comme l’effet-papillon, l’effet-Bataille doit demeurer
imprédictible. À tout moment, son texte risque de bifurquer
sur un autre pour y produire l’effet qu’on attendait le moins.
L’effet-Bataille veut également montrer le jeu dynamique
entre les théorèmes qui se (dé)structurent à l’intérieur de son
système du non-savoir, en se renouvelant sans cesse sous des
formes et mutations imprévues.
« Introduction », p. 12 et 14
Michał Krzykawski est né en 1980. Il est docteur en littérature
et maître de conférences à l’Institut des langues romanes et
de traduction de l’Université de Silésie en Pologne. Il travaille
sur Georges Bataille depuis une dizaine d’années. Ses intérêts
de recherche portent sur la théorie littéraire et la théorie
critique.
Sur le livre:
L’Effet-Bataille trouvera une place permanente parmi les
ouvrages canoniques sur Georges Bataille. [...] Cependant,
l’inteprétation qui nourrit ce (cette ?) texte-lecture s’im-
pose également comme une voix importante dans les re-
cherches littéraires contemporaines, et plus largement dans
les sciences humaines. En tant que texte et méta-texte, elle
permet de suivre l’éveil du sens dans l’acte d’inteprétation.
L’Effet-Bataille est l’un de ces livres qui, bien que difficiles
dans la lecture et par moments se laissant prendre, trop
facilement peut-être, par l’élan d’un misreading sincère et
affirmé, transportent le lecteur du général au particulier
et à l’inverse pour déployer tout un éventail de possibilités
qui habitent le texte littéraire.
Tomasz Swoboda
Université de Gdańsk
i
M
c
h
a
ł
K
r
z
y
k
a
w
s
k
i
L’
E
ff
e
t
-
L’Effet-
Bataille
Michał
Krzykawski
B
a
t
a
i
l
l
e
Cena 18 zł (+ VAT)
ISSN 0208-6336
ISBN 978-83-8012-657-2
Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego
Katowice 2011
Pobierz darmowy fragment (pdf)